jeudi 23 juin 2011

Dix ans de plus pour la centrale nucléaire de Fessenheim?

Cette centrale est la doyenne des installations en activité en France, mais d'après le Figaro, l’Autorité de sûreté nucléaire pourrait approuver la prolongation de dix ans du fonctionnement du réacteur n°1.

L'un des deux réacteurs de la centrale nucléaire de Fessenheim, le 29 avril 2011.
L'un des deux réacteurs de la centrale nucléaire de Fessenheim, le 29 avril 2011. (© AFP Patrick Hertzog)
La centrale nucléaire de Fessenheim, doyenne des installations en activité en France - et à ce titre particulièrement décriée par les écologistes - sera fixée sur son avenir au plus tard «début juillet». C’est à cette date que l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) se prononcera sur sa prolongation éventuelle.
Selon l’édition de jeudi du Figaro, l’affaire est déjà entendue: le rapport d’experts de l’ASN «approuve la prolongation pour dix ans du fonctionnement du réacteur» n°1 de Fessenheim. Moyennant quelques améliorations, l’Autorité devrait donc accorder d’ici fin juin son «feu vert» à la centrale exploitée par EDF depuis 1977.
Contactée par l’AFP, l’ASN a confirmé que ce rapport, rédigé après l’examen de passage des trente ans, avait bien été remis à l’Autorité et était en cours d’instruction. Mais le collège de l’ASN n’a pas encore «pris position».
«Nous n’avons pas fixé de date vraiment précise pour communiquer (cette décision). Ce sera fin juin, au pire début juillet», a indiqué l’ASN. L’autorité indépendante se prononce sous forme d’«avis» au gouvernement. Lequel est «très souvent suivi» par l’exécutif, a rappelé son service de presse.
Une décision d’autant plus politique qu’elle survient après les accidents en série provoqués à Fukushima par le séisme et le tsunami hors norme du 11 mars, qui ont douloureusement illustré les failles dans la conception des centrales dans le monde.
La catastrophe a aussi vivement attisé l’opposition au nucléaire et les craintes suscitées par la présence des centrales, en France comme en Europe.

«Entêtement archaïque de la France» pour Joly

«Il faut fermer Fessenheim maintenant, pas dans 10 ans!», a réagi Nicolas Hulot, candidat à la primaire d’Europe Ecologie-Les Verts, estimant que «la France ne peut rester le seul pays à ne pas tirer les conséquences de la catastrophe de Fukushima». Dans un autre communiqué, Eva Joly, son adversaire EE-LV, dénonce «l’entêtement archaïque de la France et rappelle que la décision de sortir du nucléaire doit être prise dès maintenant», la centrale de Fessenheim devant «être fermée en priorité». Et de réclamer à nouveau «un audit indépendant et contradictoire de sûreté» sur les réacteurs nucléaires. Pour la députée Martine Billard, coprésidente du Parti de gauche, «l’arrêt immédiat de Fessenheim doit être le premier pas vers une nouvelle politique énergétique pour notre pays» car «la recherche du profit ne peut plus primer sur les impératifs écologiques».
L’Allemagne et la Suisse ont notamment décidé d’abandonner l’énergie nucléaire. Or Fessenheim présente la particularité d’être exploitée conjointement par la France et ses deux voisins (32,5% des parts au total) qui réclament sa fermeture.
De nombreuses organisations alsaciennes dénoncent aussi la vétusté des installations, s’inquiétant surtout des risques sismiques dans la région. Fessenheim a été construite avec pour référence le séisme survenu à Bâle en 1356, le plus fort de mémoire d’homme. Sa magnitude a été évaluée à 6,2 et la centrale conçue pour résister à un séisme cinq fois plus puissant, d’une magnitude de 6,7. Mais le séisme sans précédent survenu au Japon en mars dernier, d’une magnitude de 9,0 qu’aucun modèle sismique n’anticipait, est venu semer le doute.

Pas un «blanc-seing» à dix ans d’exploitation

D’où les audits et autres «tests de résistance» ordonnés par la France et l’Union européenne pour évaluer le comportement des installations nucléaires face à de telles catastrophes naturelles et à un cumul d’aléas encore jamais pris en compte.
A Fessenheim comme ailleurs, un «feu vert» de l’ASN n’est de toutes façons pas un «blanc-seing» à dix années d’exploitation ininterrompue, répète fréquemment le président de l’autorité, André-Claude Lacoste. Comme toutes les autres installations nucléaires françaises, la centrale alsacienne sera soumise aux «stress-tests» et aux recommandations qui en découleront. Et l’ASN pourra, à tout moment, demander son arrêt pour raisons de sécurité.
Reste enfin à savoir si EDF jugera rentable d’effectuer sur cette centrale vieillissante les travaux prescrits par les experts de l’ASN, évalués, selon le Figaro, à une centaine de millions d’euros.
(Source AFP)

Libération

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